Quelques mots…

© Martine Eudel
Un été au microscope
« J’ai connu Franck dans le monde de la nuit. On dansait sur les mêmes rythmes, on épousait les mêmes patterns. À l’époque, je ne connaissais pas son travail ; cet autre univers de patterns, cet écosystème qu’il contacte avec ses crayons. Ado, il traînait au Louvre, fasciné par les natures mortes des peintres néerlandais. Je l’ai presque toujours vu avec ses carnets à dessin, qu’il embarque un peu partout pour croquer ici l’élégant motif d’une aile de papillon, là la parure irisée d’un scarabée ou le réseau complexe des nervures d’une feuille. Saisir l’architecture du vivant.
Observateur discret de ce qui nous entoure, de ce qu’on ne voit pas toujours, il a fait de l’image son langage. La dernière fois que je l’ai croisé, ça m’a frappée. Ce jour-là, un ami nous avait réunis autour d’une proposition ludique : « apportez un cliché de votre été, vous avez une minute pour le commenter ». Là où nous étions tous un peu verbeux, narrant des anecdotes, décrivant un monument, dressant un portrait avec plus ou moins d’habileté ou de frustration, Franck s’est passé de mots et nous a proposé une photo macro. Un cliché pris au bord de l’étang du jardin botanique de Montpellier où il était venu dessiner plusieurs jours d’affilée. Un zoom dans le végétal, une incursion de fraîcheur vive où plonger. Dans cet espace temps réduit, dans cet infiniment petit, c’est comme si son été à lui s’était concentré tout entier dans un nénuphar. Tel un neKtar. »